LE PETIT HIBOU AU COEUR
Madame la nuit
ne se demande plus
d’où vient ce bruit,
ce son inattendu,
qui trouble son grand rien.
Madame la nuit sait bien
c’est le petit pouvoir
du non qui chante,
qui ne dort pas en noire
obeisance
c’est le petit
hibou au coeur.
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ANI MAL
Qu’est-ce qui se passe
lorsque la chasse
et les chasseurs
ont fini—
lorsque bouche à feu
s’est reduit au silence
de la nuit, qu’est-ce qui
se passe?
Les denrées,
la monnaie,
sont fermés
à clef;
l’oeil
et la feuille
se tiennent
en demi-deuil;
à la fin
d’un quatrain
la rime
s’abime;
et à l’ame
de la blessure
le mal
s’anime
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ADRESSE A UNE STATUE
Statue
sans coeur,
dure figure qui
dure simplement
glacée, en pluie:
maintenant que
nous sommes seuls
tous les deux
comblés de
l’étoile automnale,
ici ou le parc
sans chaleur
sans bras de mère
se laisse avaler
par la nuit:
prise de
frissons, du froid,
soudain j’apprends
de toi la leçon
du manteau:
l’ancien vert-de-gris
devient
un vert été
en Grèce
et je me laisse
couvrir
de cette vertu
lente, patiente,
de dureté
qui reste
debout toute la nuit:
bras gauche tendu
aux cieux,
main droite qui
salue.
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TRIOLET
Do re mi dessous la neige
Fa sol le p’tit dodo.
Je rest ici (adieu cortege)
Do re mi dessous la neige.
Il fera froid, mais en solfège
Je chanterai au grand zero:
Do re mi dessous la neige
Fa sol le p’tit dodo.
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CINQUIEME SAISON
A midi
c’est la lune
qui parait
la plus belle:
petite hostie
comme lacune
remplie qui fait
à l’air, au ciel,
de grands secrets blancs,
de conversations
blanches a
à la blancheur.
Me voici au temps
de conjugaison
sans voix, sans l’heure—
j’y suis, j’ai tort
et j’ai raison.
Les mots se gèlent
et de l’haleine
ce qui sort?
Diapason
des ailes
de phalene.
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BONNE NUIT
Quelques louanges
à tes yeux, mon ange,
tous les deux
lunes minuscules au cieux
crépusculaires
de ton regard demi-ouvert.
Ils me servent de fanaux
me portent comme il faut
à la region des folles,
lunes qui me rendent molle;
je frissonne du chaud
de leurs flambeaux,
j’arrive purement légère
à la lumière
et tous les deux
lunes minuscules de tes yeux
me rendent mes louanges
chucotant:
bonne-nuit, mon ange.
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LE LAC ET NOS AMOURS
I.
Le lac et nos amours d’hiver:
Nature morte sous la glace.
Le poisson dort, pendu en place
D’un fil léger, imaginaire.
Les yeux du poisson, sans paupières,
Ne ferment jamais sous la face
Dure du lac, et aux crevasses
Ses rêves glacés montent a l’air.
Allons, selon le vieux proverbe
Dire: froides mains, chaudes amours.
Tant mieux en ce jour maigre pour
Tout ce qui dort au potentiel.
II.
Le lac, nos amours printanières,
S’éclatent et la grenouille enceinte
Se traine bassement de crainte
Du serpent, serrant bien la terre.
Du pin l’haleine bien légère
Et de l’aube les demi-teintes
S’entremêlent, volages, feintes
Jusqu’à-ce que l’on ne sait quoi faire.
Allons soigneusement toc-toc
A la folie—qui a du bien
Mais qui n’est jamais bien fondée;
Jouissons de tout ce qui croque,
Mais ne nous promettons que rien
Des marées tout a fait toquées.
III.
Le lac et nos amours d’été
Ne bougent pas; il fait trop chaud.
Quelques moustiques à la peau
Commencent leur travail lache—
Ils ne sont pas assez fachés,
Sont rassasiés, vont piquer l’eau.
Pauvres petits boueurs salauds,
Quelle oeuvre de futilité.…
Allons en ce moment troup lourd
Nous rafraichir en solitude
Au sang-froid du compte-rendu:
Au lac—ou il y a toujours
L’espoir d’enlever l’habitude,
Lorsque le moins devient le plus.
IV.
Le lac et nos amours d’automne
Murissent, comblés des oiseaux—
Ces émigrés glissants sur l’eau
Lorsque la cloche interne sonne—
Don’t nulle horloge monotone
Peut empêcher le vol. D’en haut
Les feuilles tombent à leurs tombeaux,
A la mère commune se donnent.
Allons manger de ces beaux fruits
Que nous présente la moisson;
Ne nous envolons pas de l”heure;
Mangeons, mais laissons au sémis
Tomber la graine. Retenons
Ce qui importe, qui demeure.
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RONDEL
Prends garde, le dormeur
du sommeil lourd, aisé
est-ce la seule paie,
seul prix de ta sueur?
Prodigue de huit heures,
de conscience apaiseée
prends garde, le dormeur,
des devoirs relègués.
N’ya-t-il pas, ronfleur,
d’encore inachevé?
Prends garde du semé
qui s’atrophe sous terre,
prends garde, le dormeur.
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LA TOUSSAINT
Ce soir
la lune
me poursuit
dans le noir
au cachot de l’insomnie
où elle me dit
des choses comme….
“je te plumerai la tête!”
C’est bête,
cette lune qui chante
en voix familière.
Est-ce vous, grandmère?
“Oui, ma petite,
crois bien
au clair de
ta grandmère
qu’il y a au ciel
des oiseaux d’avantage,
sois pas morose.”
Moi qui,
d’ordinaire,
ne veux pas croire au
Ciel,
pourquoi, ce soir, est-ce
que j’entends
cette voix de miel
entre les lames lunaires,
que je vois ces
quelques plumes
d’alouette
qui tombent à terre?
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NUIT BLANCHE
Le soleil
va dessous
la terre
la-bas
et mon ami
le rossignol
et moi allons
nous preparer
à nos affaires
nous amuser
et nous distraire
nocturnement.
Au côte blanc
de cette nuit,
lorsque les gens
du quotidien
se couchent
rêvant des choses
du jour
enfermant tout
le monde sous
les petits rideaux
de leurs paupières,
mon bon ami
le rossignol
et moi ferons
la belle tour
du contre-pied:
l’autre coté,
royaume vif
de l’opposé;
d’abord
on soupe,
on mange
du feu
et comme dessert
la neige; puis
on boit du vin
qu’a fait la pluie.
Un petit peu
après on danse
la farandole,
on fume des fleurs.
Enfin, a l’heure
des douzes gongs
et trois, Rossi
et moi, bien las
nous retirons
au fond
de la foret
sans deuil:
l’un pour chanter
et l’autre
pour lire les
dessous
des feuilles.
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Je suis très surpris de trouver ces beaux poème en Français .
Quant à la Toussaint c’ est la chaîne qui réunit tous les hommes du passé et du présent, tous saints .
Amitié
Michel
Je me sens honorée par votre visite, Michel. Merci bien de vos bons mots!
vos écrits me plaisent et me touchent profondément… ❤ bonne continuation et amitiés toulousaines, Mélanie
Très grands remerciements, Mél@nie. J’irai voir votre blog prochainement! 🙂
Je relis encore ces poèmes français et je suis réellement étonné par vitre facilité d ‘ exprimer vos sentiments de façon poétiques .. Vous maîtriser aussi bien le Français que l’ anglais et ce n’ est pas une mince affaiire
J ‘ espère que vous n’ avez pas d’ennuis de santé .
Sincères hommages , Cynthia.
Michel